Le programme comprend trois axes de travail :

1. Étude de textes historiques

Cet axe est consacré aux œuvres historiques en tant que telles, en mettant en avant leurs spécificités, leurs enjeux et leur structure respective. Il n’est bien entendu pas question d’étudier tous les textes historiques de la période étudiée, mais de se concentrer sur certaines œuvres que nous nous proposons d’étudier ensemble, selon les spécialités des participants au programme et selon des perspectives que nous définirons de manière ad hoc.

2. Textes sur l’écriture de l’histoire

Cet axe est consacré aux historiens et aux méthodes de l’écriture de l’histoire. Nous proposons de traduire et d’étudier le « paratexte historiographique », à savoir des autobiographies, des préfaces et des postfaces d’historiens, ainsi que tous textes (comme par exemple des mémoires de présentation au trône ou des édits impériaux) qui permettront de mieux cerner les méthodes, les enjeux et les intentions des historiens de la période classique, voire un peu au-delà, afin d’inclure certains écrits de Sima Guang, que notre regretté collègue François Martin a traduits et étudiés.

3. Genres et influences

À travers cet axe, nous souhaitons explorer plus avant la pluralité des écritures dans l’historiographie ancienne et classique, qui articule entre autres la narration, le jugement, le document, le tableau. Il constituera un lieu privilégié pour examiner les points de rencontre, prolongements ou influences entre l’historiographie et d’autres pratiques scripturaires comme l’écriture de recueils de biographies édifiantes ou encore de recueils d’anecdotes.

Bilan 2017-2023

Notre travail s’est développé selon deux approches principales :
La première approche a consisté à travailler de manière collective sur des œuvres historiques fondatrices de l’historiographie chinoise, en mettant en avant leurs spécificités, leurs enjeux et leur structure respective. Nous nous sommes concentrés d’abord sur le Hou Han shu 後漢書 (Histoire des Han postérieurs) de Fan Ye, une œuvre représentative de nouveaux enjeux de l’historiographie à l’époque médiévale, notamment littéraires et moraux. Nous nous sommes ensuite tournés vers l’œuvre fondatrice par excellence, la première à proposer une structure éminemment complexe pour tenter de saisir une forme d’histoire universelle, le Shiji (Mémoires historiques) de Sima Qian, en organisant notamment un colloque international (voir plus bas) autour de cette œuvre, colloque qui s’est inscrit dans la continuité d’une série de colloques internationaux (2008, 2009, 2011) initiée par le professeur Lee Chi-hsiang, ducdépartement d’Histoire de l’Université Foguang à Taiwan.
La deuxième approche a consisté à étudier les genres de l’historiographie, en explorant ainsi plus avant la pluralité des écritures dans l’historiographie ancienne et classique, qui articule entre autres la narration, le jugement, le document, le tableau. Penser l’historiographie en termes de genre littéraire favorise la découverte et l’examen des points de rencontre, prolongements ou influences entre l’historiographie et d’autres pratiques scripturaires comme l’écriture de recueils de biographies édifiantes ou encore de recueils d’anecdotes. Dans ce cadre, nous avons d’abord travaillé sur le genre de la monographie, en prenant pour cas d’étude les monographies du Livre des Sui, qui ont pour particularité d’avoir été rédigées pour compléter cinq ouvrages dépourvus de monographies et dont nous savons qu’elles ont circulé de manière autonome. Puis nous avons organisé un panel d’étude sur le genre de l’« essai historique » (shi lun 史論), qui en conclusion de certains chapitres sont le lieu d’une vaste réflexion sur divers processus historiques. Le colloque sur le Shiji nous a enfin fourni l’occasion de travailler, avec des spécialistes d’autres époques et d’autres traditions historiographiques, sur le genre biographique.

Perspectives 2023-2028

Nous envisageons trois axes.
Le premier axe consistera à étudier la question de l’anecdote dans les sources historiques, mais aussi dans les textes relevant, d’après les bibliographies chinoises anciennes, de d’autres catégories, comme la littérature (le Shishuo xinyu 世說新語, le xinxu 新序par exemple) ou les ouvrages philosophiques (le Hanfeizi 韓非子, le Lüshi chunqiu 呂氏春秋). On s’interrogera notamment sur la fonction des anecdotes et les modalités de leur insertion dans un discours épidictique plus général. Les activités de cet axe prendront la forme d’une ou de plusieurs journées d’étude.
Le deuxième axe sera quant à lui consacré à la question de l’oralité dans les sources historiques, et notamment la question des discours et des dialogues. Quel était en particulier l’objectif des auteurs lorsqu’ils inséraient un dialogue dans une biographie ?
Qu’attendait le lecteur de son côté ? Quelles pouvaient être les sources de ces dialogues ? Quels furent les grands modèles en la matière ? Des comparaisons entre plusieurs ouvrages de genres et d’époque différents seront indispensables. Un colloque est envisagé.

Le troisième axe aura pour objet le « paratexte historiographique », à savoir des autobiographies, des préfaces et des postfaces d’historiens, ainsi que tout texte (par exemple des mémoires de présentation au Trône ou des édits impériaux) qui permettrait de mieux cerner les méthodes, les enjeux et les intentions des historiens de la période classique, voire un peu au-delà, afin d’inclure certains écrits de Sima Guang, que notre regretté collègue François Martin avait étudiés et traduits sans toutefois les publier formellement. Il est envisagé à terme d’élaborer un ouvrage collectif à la manière de celui publié par François Hartog sous le titre L’histoire d’Homère à Augustin. Préfaces des historiens et textes sur l’histoire (Paris, Le Seuil, 1999), ou, dans un autre registre, celui dirigé par Jacques Dars et Chan Hingho, Comment lire un roman chinois (Arles, Picquier, 2001).

Activités

Dans le cadre de ce programme ont été organisées plusieurs journées d’étude et colloques :
• Journée d’études sur les “Genres de l’Historiographie”, Université Paris Diderot, 25 février 2017.
• Colloque international : “Fan Ye’s History of the Later Han”, Collège de France, 13 septembre 2017. https://houhanshu.sciencesconf.org
• Panel « The genre of historical disquisition (shilun) from the Early Medieval period to the Song dynasty », organisé par B. L’Haridon et réunissant quatre chercheurs, Hugo Dubois-Mouro (Université Paris Cité), Sebastian Eicher (Ludwig-Maximilians- Universität), Bingwei Jia (Université Paris Cité) et Béatrice L’Haridon (Université Paris Cité), 23e Conférence biennale de l’Association Européenne d’Études Chinoises (EACS), Leipzig, 24-27 août 2021.
• 4e colloque international sur le Shiji, « Lives and power in the Records of the historian: The destinies of the biographical genre », organisé par D. Chaussende et B. L’Haridon, Collège de France, 18-20 mai 2022
https://shiji4.sciencesconf.org

Publications

• Damien Chaussende & Daniel P. Morgan (dir.), The Treatises of the Suishu, Springer, 2019.
• Hans van Ess & Béatrice L’Haridon (dir.), Special Section on the Hou Hanshu, in Monumenta Serica 67.1 (2019).
• Damien Chaussende, Section editor des notices sur la Chine ancienne et impériale, Encyclopédie des Historiographies : Afriques, Amériques, Asies, vol. 1 : sources et genres historiques, Nathalie Kouamé, Eric P. Meyer, Anne Viguier (dir.), Paris, Presses de l’Inalco, 2020.
• Béatrice L’Haridon, « Remonstrance in a declining empire: The case of Chen Fan, minister of Emperors Huan and Ling of the Eastern Han dynasty », in Thomas Crone, Paul Fahr and Christian Schwermann « et (dir.), Perduring Protest? Perspectives on the History of Remonstrance in China, Göttingen : Vandenhoeck & Ruprecht/Bonn University Press, 2023. »

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Inscription disciplinaire

histoire historiographie

Participants

Responsables

Damien Chaussende (CNRS)
Béatrice L’Haridon (Université Paris Cité)

Membres CRCAO

Membres titulaires
Damien Chaussende (CNRS)
Béatrice L’Haridon (Université Paris Cité)
Sylvie Hureau (École Pratique des Hautes Études)
Alexis Lycas (École Pratique des Hautes Études)
Daniel Patrick Morgan (CNRS)

Membres associés
Julie Gary-Bonte (Indépendant)

Appui à la recherche
Garance Chao Zhang (École Pratique des Hautes Études)

Post-doctorants
Laetitia Chhiv (Indépendant)

Participants hors laboratoire

Chen Jianmei (Zhejiang University)
Grégoire Espesset (Groupe Société, Religions, Laïcité)
Hans van Ess (Ludwig-Maximilian-Universität)
Michael Nylan (University of California, Berkeley)