Le monachisme est une dimension fondamentale du bouddhisme tibétain, tant les institutions et communautés monastiques ont joué un rôle clé dans la vie politique et sociale du Tibet médiéval (XIe-XVIIe s.). Ce projet portera sur le développement du monachisme au Tibet au cours de cette longue période, sur la fonction des institutions monastiques dans la définition des identités religieuses, et sur leur organisation et leur relation avec le pouvoir temporel.

Le projet portera tout particulièrement sur quatre thèmes principaux, qui sont étroitement liés les uns aux autres :

  • Dynamiques du pouvoir et modes de gouvernance dans les ordres temporel et spirituel. L’accent sera mis sur la relation entre les institutions monastiques et les élites nobiliaires, ainsi que sur les conceptions et la mise en œuvre pratique de cette relation. Ainsi, il s’agira d’analyser les modalités de succession aux échelons les plus élevés de la hiérarchie religieuse et d’étudier le rôle des monastères dans le développement économique local, dans le régime foncier et dans la concentration des richesses. Il s’agira également d’étudier la formation de réseaux institutionnels, en dressant une carte du développement monastique à travers le haut-plateau tibétain, afin d’évaluer la zone d’influence d’écoles bouddhiques spécifiques, et de mieux comprendre le positionnement des pouvoirs politiques locaux vis-à-vis de la sphère religieuse.
  • Espace et temps monastiques. Il s’agira d’étudier des sites spécifiques, en examinant leur croissance, leur disposition spatiale interne et leur calendrier liturgique, offrant ainsi pour la première fois une étude de l’organisation de la vie monastique médiévale. Il s’agira également d’étudier la production matérielle et artistique, de déterminer les modèles de mécénat pour les bâtiments religieux et les objets de culte, et d’étudier l’expression matérielle et visuelle des identités religieuses et politiques locales ou trans-locales.
  • Les monastères en tant que centres d’éducation et de formation religieuse. Il s’agira d’étudier la prolifération des collèges monastiques dédiés à l’étude de disciplines spécifiques, l’articulation des différentes branches du savoir et le développement des curricula monastiques. L’étude portera également sur la construction d’identités confessionnelles et d’« orthodoxies », en dialogue — et en opposition — avec d’autres communautés religieuses contemporaines.
  • La diffusion de l’imprimerie au Tibet, qui coïncide avec le développement du monachisme de masse (XVe-XVIe siècle). Cela permettra de retracer la diffusion de l’impression xylographique sur le plateau, d’étudier les facteurs historiques de son émergence et d’évaluer son impact sur la vie intellectuelle tibétaine. L’objectif principal sera de créer une base de données en ligne de toutes les éditions tibétaines connues jusqu’en 1600, l’« Atlas of Early Tibetan Printing (AEP) ». La base de données permettra également d’étudier le rôle de l’imprimerie dans la construction des identités religieuses, dans la propagation des nouveaux mouvements de réforme et dans les modes de transfert des connaissances. Cela permettra d’étayer l’hypothèse selon laquelle la diffusion de la nouvelle technologie de production de livres était principalement sponsorisée par les familles nobles et intimement liée à la promotion du monachisme.

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Inscription disciplinaire

études bouddhiques Études tibétaines

Participants

Responsable

Marta Sernesi (École Pratique des Hautes Études)

Membres CRCAO

Membres titulaires
Marta Sernesi (École Pratique des Hautes Études)

Post-doctorants
Chandra Chiara Ehm (École Pratique des Hautes Études)

Participant hors laboratoire

Mathias Fermer (Académie autrichienne des sciences de Vienne)