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De l’illustration comme mode de commentaire

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Source de l'image : https://digitalarchive.npm.gov.tw/Painting/Content?pid=13338&Dept=P

Atelier du programme CRCAO 2024-2028 « Commentaire et diffusion des savoirs »

Nombre des textes ont donné lieu à des illustrations au fil de leur transmission, qu’ils aient été littéralement complétés par des images ou des figures, ou enrichis par des discours suggérant des parallèles, procédant par reformulation, ou argumentant par l’exemple. Par la juxtaposition d’images ou d’autres textes, l’illustration, au sens propre ou figuré, établit un dialogue avec le texte original et interroge son contenu. Sa forme différente, l’extériorité, voire l’écart qu’elle induit, génèrent une autre couche sémiotique, dépendant du texte mais, à sa manière, indépendant par rapport à lui. Par le déplacement du regard qu’elle opère, elle est susceptible d’affecter la lecture ou la réception du texte, de même que sa signification, voire de se substituer à lui.

Ce dispositif apparaît comme une forme de répétition, toujours accompagnée d’un décalage, dont témoignent les régimes très divers dont il peut relever, qu’ils relèvent de l’illustration visuelle ou textuelle. Entrent en jeu des déplacements intersémiotiques ou au moins inter-stylistique. On peut aussi parler à son propos de traduction, car l’illustration implique souvent des changements de registres langagiers, de systèmes sémantiques (texte vs/ image, énoncé vs/ performance par exemple) ou des transferts de sens à destination de publics pour qui le sens premier du texte est supposé difficile, voire fermé. Un tel dispositif opère un choix dans le fil du discours qu’il reconfigure et réoriente ; il peut procéder de la métaphore comme de la métonymie. En effet, l’illustration bien souvent répète et reformule, quoiqu’elle sélectionne, synthétise et exemplifie aussi. En outre, ces passages d’une forme à une autre peuvent eux-mêmes être accompagnés de commentaires, comme peuvent l’être par exemple des colophons sur une peinture, ou des notations marginales venant souligner la transformation opérée. Le pouvoir de l’illustration est si fort qu’elle peut avoir occulté le texte original ou avoir brouillé la distinction entre les deux versants de cette interrelation. Elles peuvent avoir un pouvoir de balisage du texte, de repérage au sein de son continuum, et certaines illustrations peuvent avoir laissé des traces dans les mémoires même après avoir disparu, tant leur pouvoir de suggestion a été prégnant.

Les fonctions confiées à l’illustration sont nombreuses. On peut les dire ornementales, complémentaires, explicatives, contextuelles, esthétiques, ou autres. Elles semblent proposer un accès au texte ou un éclairage sur celui-ci. Cependant, malgré cette démarche souvent explicite d’ouverture du sens, l’articulation entre l’illustration et le texte source peut procéder de quantités d’intentions implicites. Comme paratexte – ou comme prétexte, dans son rapport au texte, l’illustration est plutôt un facteur de complexité. Elle demande à son tour son propre travail d’interprétation. Celui-ci exige d’être approché avec des précautions tenant compte de strates diverses dans les domaines de la philologie, de l’histoire des textes, ou de l’histoire et de la technique des images.

Les multiples formes d’illustration, prise dans toutes les acceptions du terme, font partie intégrante de l’arsenal technique des pratiques de commentaire, et, à travers celles-ci, de diffusion du savoir. Pour ce workshop, nous sollicitons des contributions proposant des cas d’espèce ou des analyses relevant de l’histoire textuelle chinoise de l’Antiquité à la période moderne. Notre propos théorique est centré sur la notion de commentaire. Pour cette raison, il importe de ne pas séparer ici l’illustration proprement graphique de l’illustration prise dans un sens plus virtuel, celui de l’exemplification ou de tout acte discursif établissant une forme ou une autre de rupture (p. ex. changement de registre langagier, passage de la prose aux vers et inversement, etc.). On pourra s’interroger sur la pertinence qu’il y aurait à assimiler l’illustration à une représentation ; peut-être les champs que recouvrent ces deux notions sont-ils différents, et c’est là l’un des questionnements que nous proposons à la réflexion commune. Cet appel est autant ouvert aux experts des genres littéraires ou historiques, à ceux des traditions critiques qu’aux historiens de l’art, car il vise avant tout à envisager l’illustration et l’image dans leur rapport au texte, c’est-à-dire dans leur manière de l’orienter ou de le réorienter.

Les propositions pourront, sans exclusive, porter sur des thèmes tels que :

  • les formes et esthétiques de l’illustration
  • la pratique des éditions illustrées
  • les illustrateurs, leurs techniques, leur statut
  • les approches théoriques et sémiotiques (fonctions, modalités et problématiques de l’illustration, de la reformulation, de l’exemple)
  • les rapports et articulation entre texte illustré et illustration
  • l’illustration dans les transferts de savoirs et la diversification des publics
  • l’illustration et les niveaux de langue (classique, vernaculaire, styles raffinés ou vulgaires, prose et vers…) ou niveaux culturels
  • l’illustration, la mise en contexte et l’exemplication
  • l’illustration et la création littéraire, textuelle ou picturale
  • la frontière entre illustration et texte source.
  • l’illustration comme jeu
  • les illustrations perdues

Calendrier :

Janvier 2024 : Soumission des propositions

Février/Mars 2024 : Notification aux auteurs

Début septembre 2024 : Dépôt des articles

Seconde moitié de septembre 2024 : Workshop à Paris et en hybride

Publication d’une sélection

Modalités de soumission :

Via le site dédié qui sera créé sur SciencesConf.

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