Ce programme de recherche consacré à l’archéologie du Nord-Est de la Chine a pour but de faire progresser les connaissances sur les modes de vie des populations anciennes sur la longue durée, entre le Néolithique et la période Républicaine, par l’étude de données matérielles issues de fouilles archéologiques.

La région du Nord-Est de la Chine correspond à la plaine de Mandchourie, délimitée au nord par les Xiao Xing’an ling et le fleuve Amour, à l’ouest par les Da Xing’an ling et le plateau Mongol et au sud-est par les Changbai shan ouvrant sur la péninsule coréenne. Cette région limitrophe de l’espace chinois, aujourd’hui située entre la Mongolie, la Russie et la Corée du Nord, est composée d’espaces à la topographie et aux ressources diverses, qui ont en commun d’avoir toujours subi un climat continental froid. Au centre de l’Asie du Nord-Est, ces territoires furent le lieu de développement de nombreuses stratégies de subsistance originales par les populations qui y habitèrent.

Replaçant constamment les données dans le contexte et les problématiques de recherche propres à l’Asie du Nord-Est, ce projet s’attache aussi bien aux environnements des sub-régions de la Chine du Nord-Est qu’aux perspectives des problématiques globales concernant l’ensemble de l’Asie du Nord-Est.

Les recherches du présent programme s’organisent selon trois axes : l’habitat, les savoir-faire et les pratiques funéraires.

Habitat

L’étude de l’habitat est organisée à différentes échelles, elle met en lumière l’évolution de la distribution spatiale des sites archéologiques (villages, villes, stations militaires, etc.), de certains types de vestiges particuliers (ateliers, mines, etc.) et des réseaux qui les lient sur de vastes espaces. A une échelle plus fine, l’étude porte sur les éléments qui fondent et soudent les communautés à l’échelle des villages, puis, à l’échelle des bâtiments, sur l’évolution des techniques architecturales. Tous les vestiges, anthropiques (objets) et naturels – plus ou moins modifiés par les actions humaines – (plantes, os de faune, etc.), analysés dans leur contexte de découverte, permettent de dater et d’interpréter ces structures, mais aussi de mettre en lumière les changements économiques et d’exploitation des ressources en jeu dans les stratégies de subsistance utilisées par les populations de chaque période dans les différentes régions du Nord-Est de la Chine.

Savoir-faire

Le deuxième volet de ce programme porte sur l’étude des savoir-faire et des techniques de production. Cette approche technologique est fondée sur le concept de chaîne opératoire. L’ensemble des étapes sont étudiées : de l’extraction des matériaux, à leur acheminement et leur mise en œuvre, et jusqu’à la finition des objets concernés. Des études quantitatives et qualitatives ainsi que des analyses archéométriques (pétrographie) sont employées pour produire de nouvelles connaissances sur l’organisation du travail, les échanges de matériaux et d’objets, ainsi que sur les transmissions de techniques et d’idées qui affectèrent les groupes humains des différentes périodes.

Pratiques funéraires

Le dernier volet de ce projet concerne l’exploitation des données liées aux tombes. L’examen des restes humains produit quantité d’informations sur la vie des individus : leur alimentation, leur pathologie, l’accès au soin, les déformations corporelles, etc., formant de véritables biographies ostéologiques individuelles. Grâce aux méthodes de l’archéothanatologie, l’analyse des tombes dans leur ensemble – du placement des membres du défunt, au mobilier funéraire et à la structure de la sépulture – permet de reconstituer les gestes de préparation du corps et de la sépulture, les cérémonies et d’accéder à une partie des croyances.

Méthode et organisation

Pour ce faire, une immense quantité de données bibliographiques est disponible et est mobilisée, d’autre part, de nouveaux corpus de matériaux issus de fouilles archéologiques récentes conservés en Chine sont étudiés.

Journées de recherches

L’organisation et les étapes de l’avancement de ce programme se fera au cours de journées de recherches organisées régulièrement, tous les 3 ou 4 mois, entre les participants, avec des chercheurs invités, selon les problématiques abordées.

Analyses de corpus

Des corpus issus de sites fouillés récemment (collections d’os humains, de céramique et d’os de faune) seront examinés en Chine, principalement dans le Jilin et le Heilongjiang.

Terrains

Selon les possibilités d’accès au terrain, une étude de l’habitat sur les rives du fleuve Amur au Heilongjiang et une étude des tombes à empilement de pierre sur les rives de la rivière Yalu sont prévues pour les années 2024 à 2028.

Résultats

Articles

Les participants à ce projet rédigent ensemble différents articles scientifiques dans des revues scientifiques en langue française, anglaise et chinoise.

Ouvrages

A terme, la publication d’un ouvrage de synthèse sur toutes ces recherches est prévue, en langue anglaise. Intitulé The Archaeology of Northeast China, cet ouvrage sera composé de deux volumes, le premier portera sur les périodes pré- et proto-historiques, et le second sur les périodes historiques.

Diffusion scientifique

La diffusion des résultats de ce programme pour un public plus large se fera dans la presse écrite et à la radio, sur les réseaux sociaux et grâce au site internet du Carnet archéologique de l’Asie du Nord-Est (https://mafnec.hypotheses.org/).

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Inscription disciplinaire

archéologie habitat techniques

Participants

Membres CRCAO

Membres titulaires
Pauline Sebillaud 史宝琳 (CNRS)

Doctorants
Pauline Duval (École Pratique des Hautes Études)

Participants hors laboratoire

Stéphane Frère (archéozoologue, chercheur, Institut National de Recherches Archéologiques Préventives - INRAP, Muséum National d’Histoire Naturelle, AASPE « Archéozoologie et Archéobotanique – Sociétés, Pratiques et Environnements », UMR 7209)
Elizabeth Berger (maître de conférences, paléopathologiste, Université de Californie - Riverside)
Yang Lin (maître de conférences, archéologue, Université du Heilongjiang)
Liu Xiaoxi (maître de conférences, archéologue, Université du Heilongjiang)
Gwendal Gueguen (chercheur, archéo-anthropologue, Service Archéologie du Pôle Grand Patrimoine de Loire-Atlantique (GPLA), CReAAH « Centre de Recherche en Archéologie, Archéosciences, Histoire », UMR 6566)